On dit d’un feu qu’il est destructeur, ravageur, vengeur. Qu’il fait rage, dévore, menace. Mais on le dira aussi vif, ardent, pétillant, ou qu’il brille, réchauffe, anime. Au petit matin du 15 août 2017, alors qu’un brasier d’un rouge violent éclipsait le doux orangé du crépuscule, qu’est-il passé à l’esprit des Petite-Valléens et Petite-Valléennes? Nul doute que dans leurs yeux se reflétait un enfer sur terre, voyant leur cher Théâtre de la Vieille Forge danser avec le diable. Ce matin-là, au bout de la célèbre pointe, à deux pas d’un fleuve en éveil, le feu était destructeur, le feu faisait rage. Qui aurait cru que des flammes pouvaient être aussi sombres.
Mais pendant que le théâtre devenait fournaise, que les pompes tiraient tant bien que mal du Saint-Laurent le liquide sauveur, un autre feu, de ceux qui réchauffent, s’apprêtait à briller encore plus fort. Comme si de l’incendie s’étaient envolés par milliers des tisons incandescents, des lucioles avec une mission grandiose... aller se loger au cœur des 150 âmes blessées du village, au cœur des innombrables mélomanes et bons vivants inquiets qui ont le festival dans la peau.
Et s’installer dans leur fin fond pour aviver le feu sacré qui y réside, indélogeable, comme l’on souffle sur des cendres encore embrasées. Car une fois l’incendie éteint, les murs, toit et plancher réduits en poussière, et un vide créé dans le paysage de carte postale, les pleurs séchèrent et les manches se retroussèrent. Cette journée-là, au bout de la célèbre pointe attristée, à deux pas d’un fleuve épuisé, le feu sacré habitant tout un chacun était étincelant, le feu sacré en eux jaillissait.
De Montréal à Gaspé, du Québec à la France, des mains se sont tendues vers Petite-Vallée, des mains qui se sont unies formant une chaîne humaine de générosité, pour leur bien-aimé festival. De leur feu sacré, des villageois, festivaliers et artistes de partout ont récolté des dons, organisé des spectacles-bénéfice, des collectes de fonds, tels des lampions allumés et des lanternes lumineuses lancées au ciel. Et les sommes récoltées ont fait preuve d’une mobilisation sans précédent. Devant tant d’amour, Petite-Vallée a reçu l’élan nécessaire à sa reconstruction. Le festival n’avait certainement pas soufflé ses dernières chandelles. Qui aurait cru qu’un lendemain d’incendie pouvait être aussi lumineux.
Pas question de prendre une pause. Car au-delà de son rôle indéniable de promoteur de la musique d’ici, le Festival en chansons porte plusieurs autres chapeaux tout aussi chers à ses yeux : tremplin privilégié pour les artistes de la relève, employeur d’une soixantaine de gens passionnés, joyau touristique de la Gaspésie, stimulateur d’économie locale, et... événement qui change des vies. Changer des vies en donnant une première chance, en créant des rencontres improbables, en attirant la ville à la campagne, en se faisant porte-étendard d’une culture unique, en défonçant les murs qui nous divisent, en offrant 10 jours de simplicité, de beau, de vrai, de paix. Petite-Vallée n’aurait jamais cru, en 35 ans, changer autant de vies. Ni qu’un jour, ces milliers de vies changées se rassembleraient pour changer la sienne.
Pour sa 36e édition, le Festival en chanson de Petite-Vallée revêtira une fois de plus ses plus beaux atours; il se mettra, pour l’occasion, sur son 36. Encore cette année, il présente une programmation béton pour tous les goûts, univers, humeurs et impulsions du moment. De Jean-Pierre Ferland à Galaxie, de Klô Pelgag à Marjo; sur une plage à la brunante ou au clair de lune, entre les 4 murs rustiques de la shed à Léon ou sous les toiles blanches immaculées du nouveau chapiteau; dans une foule à perte de vue ou autour d’un feu de camp intime, on trouve toujours son compte à Petite-Vallée. On y arrive seul, mais on repart avec une précieuse nouvelle famille. On y arrive avec des plans, mais on finit par les bousculer. On y arrive avec excitation, et on repart avec un extra surprises, un extra découvertes, un extra bonheur.
Le Festival en chanson de Petite-Vallée est là pour rester, bon an mal an, beau temps mauvais temps, pour le meilleur et pour le pire.
Groupe GDS vous lève son chapeau et est bien fier d’être partenaire d’une organisation à la capacité de résilience sans borne. Que votre flamme intérieure brûle encore longtemps.